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LE CHEMINEMENT DANS LA POLYPHONIE CORSE

occitane_nadine_cesari Par Le 12/02/2019

 

Animation du stage avril 2016

LA TRANSMISSION ET LA TRADITION……….LE CHEMINEMENT DANS LA POLYPHONIE CORSE
avril 2015
La tradition ce n’est pas uniquement ce qui a existé jadis et qu’il faut conserver tel quel . C’est un héritage , un legs à recueillir , assumer , conserver mais aussi entretenir et faire fructifier en le renouvelant , afin de jeter un pont entre passé et présent : le présent prolonge le passé , le passé vit dans le présent qui prépare le futur , et pour ce futur le passé et le présent deviendront passé .
Une tradition non recrée , assimilée et adaptée à chaque époque est une tradition morte . La tradition vivante est transmission : elle exige une actualisation , un aspect créatif . Cet apport se devra de respecter l’esprit de la tradition , lequel esprit est un absolu qui transcende le temps . En s’appropriant la tradition , sa tradition , le disciple prend place dans une longue chaîne dont il est un anneau parmi une infinité d’autres , avant et après lui . Les musiques traditionnelles , c’est à dire orales , contiennent une sève venue du fond des âges , seule la parole , le son , donc l’oralité , en communiquent l’essence spirituelle . Elle préserve le caractère vivant , mouvant de la tradition . L’initiation grâce à laquelle elle se transmet requiert le contact direct , d’homme à homme pour que passe l’influence spirituelle inséparable de toute initiation .
La tradition est donc d’abord mémoire , ce sont nos racines vives , notre centre de gravité . Que sommes nous sans la mémoire de nos origines ? L’homme se condamne à la mort spirituelle s’il coupe le lien de la tradition , de sa tradition . La musique détient sa mémoire à elle . Ce sont les traditions musicales , elle vit dans et par l’oralité .

Le cheminement de la polyphonie corse  passe par le chant grégorien . Celui ci s’incorpore des éléments et archétypes primordiaux qui sous tendent toutes les musiques du monde et en font autant de voix d’un unique ‘Chant de l’humanité’ . L’archaique , valorisé positivement , n’est pas l’ancien ou l’antique perçu comme vétuste , lointain . Il désigne ce qui dans l’ancien est originel , ce qui échappe à l’emprise destructrice du temps et existe dans un présent perpétuel . L’archaique renvoie au commencement principiel , éternel , hors du temps .
Les valeurs de l’originel , de l’archaique , ne sont pas davantage actuelles à une époque qu’à une autre . Elles inspirent des créations nouvelles . ‘L’archaique participe de l’anthropologie qui vise à une connaissance globale de l’homme’ selon Claude Levi Strauss . Chaque tradition fournit à des hommes appartenant à telle culture , telle époque , un miroir où ils peuvent imprimer un vivant reflet de leur être essentiel , parce qu’ils ont en eux l’empreinte de cette tradition , et que chaque tradition est une image véridique de l’homme éternel. On trouve la tradition à l’intérieur de l’homme , dans son être spirituel . Cette transmission de la connaissance n’est autre que l’initiation qui actualise un savoir que l’être possède virtuellement . L’initiation est ainsi l’accession à la tradition en soi , et dépasse le cadre de la tradition particulière qu’elle transmet . Ainsi en est il du chant grégorien qui lance ses plus profondes racines dans le « Chant de l’humanité » et dans les archétypes musicaux .

L’archaisme permet d’être par delà tous les rôles et les masques du paraître car il permet l’expression d’une tradition primordiale :
« Le centre du monde , c’est ce lieu insaisissable où les traditions prennent naissance , où converge ou d’où émane tout ce qui relève de la traditionalité »

La tradition invite à jeter un autre regard sur la modernité car en repensant les valeurs de la tradition et de l’archaique , on repense et lègitime la modernité . Les vrais modernes se gardent de récuser le passé au nom d’une aveugle fuite en avant .
Ainsi du grégorien , la polyphonie corse tient la mélodie , pure vocalité , le chant . La voix sort du corps et le souffle produit par les poumons le fait retentir . Le chanteur accomplit un acte vital . L’acte de chanter crée une relation intime avec l’organe vocal grâce à quoi les émotions , l’affectivité s’extériorisent spontanément à travers le son d’un chant simple ou complexe , comme un trop plein qui de lui même aspire à sortir de nous . Il ne s’agit pas d’Ego , et nous pouvons prendre l’exemple des riucade ou mélismes en polyphonie corse . Jacky Micaelli explique dans tous ses stages qu’il est dangereux d’aseptiser la pratique de cette tradition sous peine d’en perdre le sens , l’âme , car dans le sacré comme le profane les riucade sont souvent l’expression d’une émotion forte liée à l’histoire de ce chant . On peut ainsi exprimer le ‘pietoso’ dans le deuil , ou le chagrin de l’amour perdu , mais ce peut être aussi la fatigue d’un travail dur , de l’animal comme de l’homme .
Quand il module son chant , l’homme émet un reflet sonore de son propre être .
La polyphonie corse , comme tous les chants traditionnels , harmonise voix et corps pour que le chant sonne avec plénitude , puissance . Il s’agit moins de chanter « beau » que de chanter « vrai » . Un chanteur traditionnel utlise sa voix comme moyen , non comme une fin en soi . Il est donc nécessaire dans la transmission de passer par une redécouverte de la « vocalité traditionnelle , de l’ancrage corporel de la voix , et de la portée spirituelle de cet acte .
Chanter avec son corps , c’est retrouver une force primale qui deviendra musique potentielle , noyau originel de toute mélodie .

la présidente Nadine Cesari@avec l'éclairage de Jacques Viret 

LA TRANSMISSION ET LA TRADITION……….LE CHEMINEMENT DANS LA POLYPHONIE CORSE
avril 2015
La tradition ce n’est pas uniquement ce qui a existé jadis et qu’il faut conserver tel quel . C’est un héritage , un legs à recueillir , assumer , conserver mais aussi entretenir et faire fructifier en le renouvelant , afin de jeter un pont entre passé et présent : le présent prolonge le passé , le passé vit dans le présent qui prépare le futur , et pour ce futur le passé et le présent deviendront passé .
Une tradition non recrée , assimilée et adaptée à chaque époque est une tradition morte . La tradition vivante est transmission : elle exige une actualisation , un aspect créatif . Cet apport se devra de respecter l’esprit de la tradition , lequel esprit est un absolu qui transcende le temps . En s’appropriant la tradition , sa tradition , le disciple prend place dans une longue chaîne dont il est un anneau parmi une infinité d’autres , avant et après lui . Les musiques traditionnelles , c’est à dire orales , contiennent une sève venue du fond des âges , seule la parole , le son , donc l’oralité , en communiquent l’essence spirituelle . Elle préserve le caractère vivant , mouvant de la tradition . L’initiation grâce à laquelle elle se transmet requiert le contact direct , d’homme à homme pour que passe l’influence spirituelle inséparable de toute initiation .
La tradition est donc d’abord mémoire , ce sont nos racines vives , notre centre de gravité . Que sommes nous sans la mémoire de nos origines ? L’homme se condamne à la mort spirituelle s’il coupe le lien de la tradition , de sa tradition . La musique détient sa mémoire à elle . Ce sont les traditions musicales , elle vit dans et par l’oralité .

Le cheminement de la polyphonie corse  passe par le chant grégorien . Celui ci s’incorpore des éléments et archétypes primordiaux qui sous tendent toutes les musiques du monde et en font autant de voix d’un unique ‘Chant de l’humanité’ . L’archaique , valorisé positivement , n’est pas l’ancien ou l’antique perçu comme vétuste , lointain . Il désigne ce qui dans l’ancien est originel , ce qui échappe à l’emprise destructrice du temps et existe dans un présent perpétuel . L’archaique renvoie au commencement principiel , éternel , hors du temps .
Les valeurs de l’originel , de l’archaique , ne sont pas davantage actuelles à une époque qu’à une autre . Elles inspirent des créations nouvelles . ‘L’archaique participe de l’anthropologie qui vise à une connaissance globale de l’homme’ selon Claude Levi Strauss . Chaque tradition fournit à des hommes appartenant à telle culture , telle époque , un miroir où ils peuvent imprimer un vivant reflet de leur être essentiel , parce qu’ils ont en eux l’empreinte de cette tradition , et que chaque tradition est une image véridique de l’homme éternel. On trouve la tradition à l’intérieur de l’homme , dans son être spirituel . Cette transmission de la connaissance n’est autre que l’initiation qui actualise un savoir que l’être possède virtuellement . L’initiation est ainsi l’accession à la tradition en soi , et dépasse le cadre de la tradition particulière qu’elle transmet . Ainsi en est il du chant grégorien qui lance ses plus profondes racines dans le « Chant de l’humanité » et dans les archétypes musicaux .

L’archaisme permet d’être par delà tous les rôles et les masques du paraître car il permet l’expression d’une tradition primordiale :
« Le centre du monde , c’est ce lieu insaisissable où les traditions prennent naissance , où converge ou d’où émane tout ce qui relève de la traditionalité »

La tradition invite à jeter un autre regard sur la modernité car en repensant les valeurs de la tradition et de l’archaique , on repense et lègitime la modernité . Les vrais modernes se gardent de récuser le passé au nom d’une aveugle fuite en avant .
Ainsi du grégorien , la polyphonie corse tient la mélodie , pure vocalité , le chant . La voix sort du corps et le souffle produit par les poumons le fait retentir . Le chanteur accomplit un acte vital . L’acte de chanter crée une relation intime avec l’organe vocal grâce à quoi les émotions , l’affectivité s’extériorisent spontanément à travers le son d’un chant simple ou complexe , comme un trop plein qui de lui même aspire à sortir de nous . Il ne s’agit pas d’Ego , et nous pouvons prendre l’exemple des riucade ou mélismes en polyphonie corse . Jacky Micaelli explique dans tous ses stages qu’il est dangereux d’aseptiser la pratique de cette tradition sous peine d’en perdre le sens , l’âme , car dans le sacré comme le profane les riucade sont souvent l’expression d’une émotion forte liée à l’histoire de ce chant . On peut ainsi exprimer le ‘pietoso’ dans le deuil , ou le chagrin de l’amour perdu , mais ce peut être aussi la fatigue d’un travail dur , de l’animal comme de l’homme .
Quand il module son chant , l’homme émet un reflet sonore de son propre être .
La polyphonie corse , comme tous les chants traditionnels , harmonise voix et corps pour que le chant sonne avec plénitude , puissance . Il s’agit moins de chanter « beau » que de chanter « vrai » . Un chanteur traditionnel utlise sa voix comme moyen , non comme une fin en soi . Il est donc nécessaire dans la transmission de passer par une redécouverte de la « vocalité traditionnelle , de l’ancrage corporel de la voix , et de la portée spirituelle de cet acte .
Chanter avec son corps , c’est retrouver une force primale qui deviendra musique potentielle , noyau originel de toute mélodie .


la présidente Nadine Cesari@avec l'éclairage de Jacques Viret 

 
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